Et si la bouffe était une émotion?
« Y a pas que la bouffe dans la vie ! ». C’est ce que ma mère m’a répondu quand j’ai commandé la pizzeria en pâte-à-modeler Play-Doh pour mes 7 ans. Mais parce que je ne devais pas obséder sur la bouffe, j’ai finalement reçu le pack licorne… Rassurez-vous, j’ai distribué des spaghetti multicolores à toute la famille pendant 3 mois !
Je suis devenue cuisinière à 34 ans. Cheffe dans une cuisine végétarienne à 36. J’ai éclos tard. Peut-être parce que je ne voyais pas dans la bouffe un métier, ni une passion mais une obsession, une émotion. Du latin Exmovere, l’émotion est un mouvement hors de soi : une réaction à un stimuli capté par nos 5 sens. Aujourd’hui je suis d’humeur bouffe. Avoir faim, imaginer, cuisiner, sentir, goûter, manger.
D’aussi loin que je me souvienne, la nourriture à toujours posé question. Rejetonne d’une lignée de femmes à tour de rôle anorexiques, orthorexiques ou boulimiques, le rapport à la bouffe est une affaire de gènes (gênes).
Par bouffe j’entends s’alimenter, cuisiner, passer à table, prendre soin, la bonne chère, la gastronomie, la maladie, l’obsession, la passion, se goinfrer, profiter, partager, goûter, aimer, nourrir… C’est la bonne bouffe autant que grosse bouffe. Toutes ces facettes de l’alimentation étaient invitées quotidiennement à la maison, mais j’y sentais toujours cette séparation entre le noble et l’avilissant. Bien cuisiner, aimer les beaux produits, manger pour sa santé : oui. En revanche parler de bouffe à table, se resservir, manger vite, aimer le Savane… c’était non.
Moi, j’avais envie de réconcilier ces deux voies. Ma bouffe à moi ferait se rencontrer les compléments alimentaires de mon beau-père nutritionniste et les recettes familiales de ma mère italienne, les restrictions et les plaisirs de la table, l'obsession et la créativité.
C’est parce que tous les chemins mènent à la cuisine, que je fais appel à toutes sortes de souvenirs dans mon travail de cheffe consultante ou d’autrice de livre de cuisine.
Quand je développe des recettes ou quand j’accompagne des restaurateurs, ce sont mes émotions, mes souvenirs, mon plaisir qui d’abord nourrissent mon travail de recherches et de tests. Mon rapport à la bouffe s'auto-digère et donne à penser son ambivalence en même temps que sa fécondité.
Avec ce projet de newsletter, je veux questionner le travail accompli dans notre quotidien, dans notre sphère intime ou professionnelle pour réconcilier nos obsessions, nos émotions, nos peurs et notre plaisir autour de la bouffe.
« Y a pas que la bouffe dans la vie ». disait ma mère. Et si on lui prouvait le contraire ?
Que trouverez-vous dans cette lettre ?
1. Le podcast : « Et ta mère ? » - rendez-vous en janvier pour le premier épisode.
« La bonne cuisine, c’est le souvenir »
Je veux questionner nos liens entre alimentation, souvenirs et émotions à travers le rapport de nos mères à l’acte de nourrir.
Et ta mère à toi, elle te disait quoi de la bouffe ?
Voilà la première question que je poserais à mes invités, experts dans des domaines liés à la bouffe. C’est quoi le discours et la place de nos mères nourricières (pas d’inquiétude, la nourricière peut-être un homme ou ne pas être la mère) ? Qu’est-ce que ça veut dire nourrir les autres ? A quoi est-ce qu’on renonce quand on nourrit ? Où se logent nos plaisirs et nos envies ?
Par le chemin du goût dans nos mémoires, j’offre une clef pour découvrir l’invité dans son intimité. Nous aborderons son lien à la cuisine, son rapport aux ingrédients, à la table, à la générosité, son rapport aux autres… Comment ses choix professionnels racontent son histoire personnelle ? Toutes ces questions vont dessiner les contours de son engagement actuel dans son métier.
Ces nourrisier.es, (cuisinier.es, chef.fes, commerçant.es, primeur.es, passionné.es, politiques, journalistes, entrepreneurs, auteur.es, éditrices.eurs, artisan.es de la table), pour qui la question de la bouffe est inhérente à leur travail et par laquelle ils et elles s’engagent à faire du bon, du bien et du beau.
2. Revue d’images : “T’as de beaux oeufs, tu sais.”
« Vous prendrez autant de plaisir à voir qu’à manger. Et encore plus si vous savez regarder et goûter. »
Si vous me connaissez un peu, vous savez que j’ai développé une petite obsession à propos de l’imagerie des oeufs… Je n’ai pas encore cherché à l’expliquer, peut-être que je craque pour sa forme captivante, cette bulle jaune et gonflée, le blanc translucide et brillant. C’est beau. Et le beau, c’est une question centrale dans ma vision de la bouffe. Je chine dès que je le peux des images, illustrations, tableaux de cuisine ou d’art de la table, photographies, publicités, livres de cuisine. L’image m’ouvre l’appétit autant qu’une bonne odeur de rôti.
Je vais organiser des thématiques sous forme de moodboards, qui accompagneront chaque newsletter dans vos boites mails.
3. Infos conso, alimentation & légumes : “L’engagement, c’est maintenant.”
Ambiance musicale : J’ai envie de Manger des Légumes (S.ANTOINE, A.RAULT)
Autre point qui me tient à cœur c’est la végétalisation de nos assiettes et l’accès au bien-manger.
Je veux vous montrer où on en est dans nos restaurants : est-ce que ça travaille sur des propositions végé ou est-ce que ça propose toujours la fameuse assiette de frites végétarienne ? Dans nos commerces : est-ce que les prix sont justes et transparents ou est-ce que je dois faire 4 magasins pour ne pas me faire arnaquer et ne pas manger de la daube ? Dans nos placards : c’est périmé, je dois jeter? C’est quoi l’ultra-transformation? C’est quoi un émulsifiants, un antiagglomérant, un stabilisant?
Pour prendre la température, je vais vous proposer des pastilles conso : en magasin, en cuisine, dans nos frigo, en vitrine de restaurant et proposer des solutions.
4. Bouffe & émotions : “Récit de recettes”
Et parce que j’aime trop imaginer et partager des recettes, je vais vous livrer quelques secrets très personnels d’inspirations, de goûts, de plats. Vous raconter comment mon parcours scolaire et professionnel, mes engagements, mes anecdotes, ma famille m’ont amené à cuisiner. J’y parlerais de reconversion, de deuil, de doute, de l’absurdité de nos choix alimentaires, de nos rapports à la bouffe, évidement. Et pourquoi il me semble que manger est une émotion en soi.
Cette lettre que vous recevrez fera, vous l’aurez compris, la part belle à la bouffe à travers le prisme de l’émotion, de l’obsession, du questionnement et du quotidien.
Mais quel programme fabuleux, Stephanie!! J’en ai l’eau à la louche.
Ah mais attends, le Savane c’est TOUJOURS NON !!! (Et les compléments alimentaires aussi, c’est NON !).
Oui, j’assume mon sectarisme ! 😉😉 Bravo pour ce lancement de newsletter gourmande.